Le
comté de Nice était une division administrative du
Duché de Savoie, créée en
1388, et qui a disparu avec son rattachement à la France en
1860.
Cependant, le comté de Nice reste une région culturelle vivante. On l'appelle aussi Pays Niçois, bien que cette appellation soit moins traditionnelle.
En Occitan niçois, son nom est Comtat de Niça / País Niçard selon la norme classique ou bien Coumtat de Niço / Païs Niçart (Coumtat de Nissa / Païs Nissart) selon la Norme mistralienne.
Il correspond à peu près à l'arrondissement de Nice, dans le département des Alpes-Maritimes.
Sa capitale est la ville de Nice.
Armoiries
D'argent à l'aigle couronnée de gueules au vol abaissé, empiétant une montagne de trois coupeaux de sable issant d'une mer d'azur mouvant de la pointe et ondée d'argent. .
Historique
En
1380, la duchesse
Jeanne Ire de Provence (
1348-
1382) — mieux connue sous le nom de la
reine Jeanne — sans enfants, adopte Louis d'Anjou, le frère du roi de France
Charles V. Le cousin de Louis, le duc Charles de
Duras (ou
Durazzo), mène alors l'Union d'Aix, le parti provençal anti-angevin, et assassine Jeanne, entraînant une guerre de succession qui se terminera par la victoire du parti d'Anjou. Prenant avantage des troubles, le comte de Savoie Amédée VII le Rouge, qui souhaite avoir un accès vers la mer, négocie avec Jean Grimaldi de Beuil, gouverneur de
Nice et de la Provence orientale.
Pour sa part, le comte de Savoie voit dans la réalisation d'une dédition de Nice à la Savoie l'occasion d'élargir ses terres. Sous l'influence de Jean Grimaldi, qui commande la garnison de Nice, les Niçois se soumettent et accueillent leur nouveau seigneur selon les traditions provençales. L'accord est scellé à Saint-Pons en (1388), suivant lequel la ville et sa Viguerie, la cité de Puget-Théniers et les vallées de la Tinée et de la Vésubie constituent les Terres Neuves de Provence incorporées à la Savoie. Elles sont rejointes par la Vallée de l'Ubaye.
La Savoie était à l'époque un État puissant, doté d'une importante force armée, prospère et bien administré, contrairement à la Provence. Avec l'accord des populations, l'armée savoyarde s'installe alors dans ces terres neuves et Nice en devient la capitale sous l'autorité civile et militaire d'un gouverneur savoyard. Les grands féodaux, à l'exception de quelques familles : les Grimaldi, les Berre, les Lascaris, émigrent sur la rive droite du Var, de façon à rester provençaux. Quoique située sur la rive droite, Gattières sera aussi arrachée à la Provence à la même époque. Amédée VII lance la création d'une nouvelle noblesse (qui se développera surtout au XVIIe et XVIIIe siècles) et Jean Grimaldi reçoit une vingtaine de fiefs en reconnaissance de son action.
Monaco 'de jure' génoise mais détenue par les Grimaldi depuis 1297 se voit reconnaître son indépendance, en 1489, par le roi de France et le duc de Savoie. Les Terres Neuves de Provence prennent le nom de Comté de Nice en 1526. Le terme Comté a ici un sens administratif et non féodal.
Entre-temps, dans le reste de la Provence, le bon roi René s´avère être également le roi dont la faiblesse fait tomber la Provence entre les mains des rois de France. En effet, Louis XI, habile et calculateur, lui fait comprendre que son héritage lui conviendrait. Abandonnant la fierté des Provençaux qui ne se sont jamais jusque là pliés volontairement à une puissance étrangère, notre bon roi déshérite son successeur naturel (René II de Lorraine) au profit de Charles II du Maine. En 1481 ce dernier, sans successeur, est disposé à donner ses terres à Louis XI qui remporte ainsi une grande victoire sans aucune bataille. Louis XI s'empare donc de la Provence en 1481 qui devient définitivement française.
En 1543, Nice est assiégée par les troupes françaises du duc d'Enghien et la flotte turque de Barberousse (Khayr-al-Din), le bey de Tunis, résultat de l'alliance de François Ier et de Soliman le Magnifique contre l'empereur Charles Quint. La ville est prise après 20 jours, mais suite à la résistance des derniers défenseurs du château, la flotte se retire (c'est là que se place l'épisode de Catherine Ségurane).
Le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie, en 1614, fait de Nice un port franc et y établit un sénat. La révolte du comte de Beuil est arrêtée en 1621. Le Comté de Nice connaît la stabilité, contrairement au reste de la Provence où les révoltes sont fréquentes. Cependant, la guerre entre la France et la Savoie reprend au cours du XVIIe siècle, et le Comté de Nice est occupé par la France de 1691 à 1697 et de 1707 à 1713. En 1713, le traité d'Utrecht détache Vallée de l'Ubaye du comté de Nice et donc de la Savoie en faveur du royaume de France en compensation de la perte de vallées alpines du Piémont. Administrativement, la vallée de l'Ubaye fut rattachée à la Provence. La Frontière entre le comté de Nice et le reste de la Provence est une nouvelle fois modifiée en 1760, le traité de Turin accordant Gattières et la rive droite de l'Estéron à la France, les communes de Guillaumes et de La Penne à la maison de Savoie.
En 1789, Nice est un centre contre-révolutionnaire. L'Armée du Midi de la jeune République entre dans Nice le 29 septembre 1792 et le 31 janvier 1793, la Convention ordonne l'intégration du comté au sein du territoire national au travers de la création du département des Alpes-Maritimes. Les Barbets, des contre-révolutionnaires locaux, luttent contre l'occupation française dans le haut-pays niçois. Près de Duranus, le « Saut des Français » garde le souvenir de soldats français qui ont été jetés dans le vide au-dessus de la Vésubie. Durant le Premier Empire, le préfet Dubouchage oeuvre au développement de Nice, avec l'aide des notables de la cité.
Le comté revient, le 23 avril 1814, sous le contrôle du roi de Sardaigne Victor-Emmanuel Ier (1759-1824). Pour compenser s'il se pouvait l'influence de Gênes annexée au Royaume en 1815, on crée alors une division (sorte de région) de Nice, englobant la province de Nice, la province de Sanremo et la province d'Oneglia. Mais cette réforme administrative retranche l'ancien marquisat de Dolceacqua du tout aussi ancien comté de Nice (avec Pigna et Seborga). La principauté de Monaco, dont les princes ont été restaurés dans leurs anciens droits en 1814, passe du protectorat français au protectorat sarde en 1815 : ses habitants ne sont plus que des demi-étrangers pour les habitants du comté de Nice. Menton et Roquebrune se révoltent du reste contre leur prince en 1848 et deviennent des villes libres administrées en fait par la Maison de Savoie : ces deux villes voteront avec le reste du comté de Nice lors du Plébiscite de 1860 et seront rattachées à la France en même temps que lui, puis rachetées par l'Empire français plusieurs millions de francs-or.
En 1859, la France et la Sardaigne concluent une alliance dans le but de rejeter l'Autriche hors de l'Italie du nord, la France devant recevoir le comté de Nice en récompense pour son aide. La même année, Napoléon III signe le traité de Villafranca di Verona qui met fin à la campagne d'Italie. Cependant, la Vénétie reste autrichienne, et la Grande-Bretagne et d'autres nations d'Europe, s'opposent à l'annexion de la Savoie et de Nice à la France, tout comme Garibaldi.
En 1860, Napoléon III et Victor-Emmanuel II signent le Traité de Turin, qui prévoit l'annexion de Nice à la France en échange d'une aide de Napoléon III contre les Autrichiens et d'une assistance à Victor-Emmanuel II dans son désir d'unifier l'Italie. Un plébiscite que d'aucuns disent truqué est organisé. Le « comté de Nice » devient français, divisé en un arrondissement de Nice et un arrondissement de Puget-Théniers et augmenté de l'arrondissement de Grasse détaché du département du Var, et forme dorénavant le nouveau département des Alpes-Maritimes.
Le 14 juin 1860, Les troupes impériales françaises entrent dans Nice et le "rattachement" est célébré. Le traité de Turin conserve dans le giron italien les localités de Tende, La Brigue, Mollières parce qu'elles sont des réserves de chasse favorites du roi Victor-Emmanuel II (quoi qu'on ait suspecté à cela des objectifs militaires, la nouvelle frontière étant difficilement défendable par la France). Toutes ces localités finiront par devenir françaises à l'issue de la Seconde Guerre mondiale par le traité de Paris (1947), dernier ajout majeur au territoire national français et au département des Alpes-Maritimes.
« Le plébiscite de 1860 dans le comté de Nice n'a été qu'une parodie électorale » (Claude Delpla) alors que l'historiographie française relèvent que les habitants de Nice et la Savoie consultés par plébiscite approuvèrent massivement le rattachement à la France. Nizza (italianisation du nom provençalo-occitan Nissa ou Niça est changé en Nice au rattachement à la France) était la ville de Giuseppe Garibaldi grand artisan de l'unification italienne et une ville de culture italo-franco-occitane. Lors du rattachement a été constitué le département des Alpes-Maritimes en regroupant le comté de Nice avec la partie orientale du Var (ce qui fait qu'aujourd'hui le fleuve côtier du Var ne coule plus dans le département du Var).
C'est le moment de se souvenir que Nice et son comté ne furent rattachés à la France qu'en 1860, c'est-à-dire 225 ans après la Martinique et la Guadeloupe et 28 ans après l'Algérie.
Il fallut attendre 1871 pour avoir des élections relativement libres. En 1871, le parti anti-français favorable au rattachement à l'Italie se regroupe derrière Garibaldi, et l'emporte aux élections, mis à part pour la partie précédemment varoise.
De même, en 1874, en dépit des manoeuvres de Thiers, la partie anciennement comté de Nice vote massivement pour le rattachement à l'Italie (à 70% dans l'arrondissement de Nice).
Nice perd également toute forme de juridiction d'appel après 1860, alors qu'elle était auparavant le siège d'un telle instance dénommée Sénat.
En 1875, 75% de la population niçoise demande à retrouver son indépendance.
Commence dans les années suivantes la transformation en Côte d'Azur par apport de capitaux parisiens et internationaux. Cependant, des courants séparatistes devaient encore se maintenir quelques années.
L'arrondissement de Puget-Théniers est finalement supprimé à des fins d'économies en 1926, et réuni à celui de Nice. L'assemblée d'arrondissement de Nice fait alors figure de « parlement du comté de Nice » de 1926 à la Seconde Guerre mondiale, mais cette institution disparaît après la Libération.
Au spirituel, l'évêque de Nice qui dépendait de l'Archevêque de Gênes dépendit de l'archevêque d'Aix après 1860. C'est en 1886 que l'arrondissement de Grasse (à l'exception de l'île Saint-Honorat) fut détaché du Diocèse de Fréjus pour être rattaché à celui de Nice ; et par la même occasion, Garavan qui appartenait toujours au diocèse de Vintimille est aussi rattaché à celui de Nice. L'évêque de Nice perd cependant sa juridiction sur Monaco, qui est doté d'un Abbé nullius en 1868 puis d'un évêque en 1887 (l'évêque de Monaco ne dépendant d'aucun archevêque mais directement du pape).
Du fait de l'annexion, toute forme d'enseignement supérieur disparaît à Nice après 1860, et il faudra attendre 1965 pour que soit créée une université de Nice.
Implantation géographique
Traditions
La danse la plus représentative du comté est la
Farandole et ses variantes :
brandi,
mourisca (ou mauresque),
passa cariera (passe-rue). Filles et garçons dansaient dans les rues et sur les places, le jour de la fête patronale du village, au son du
fifre et du
tambour, parfois du
Violon ou de la vielle à roue.
Compléments
Articles connexes
- Liste historique des comtés français
- Provence
- Alpes-Maritimes
- arrondissements des Alpes-Maritimes
- Bibliographie : Encyclopaedia Niciensis
- Nice
- Dédition de Nice à la Savoie
- Histoire philatélique et postale des Alpes-Maritimes
- liste des vicomtes de Nice (Moyen Âge seulement)
Liens externes